Réflexions sur la vente de prompts

1. L’IA générative utilise le langage naturel : il faut lui parler comme à un être humain. Vendre des prompts pour des requêtes sur ChatGPT, par exemple, c’est comme vendre des phrases qu’on dirait à un fonctionnaire de la poste pour envoyer un recommandé. Avons-nous vraiment besoin de cela ? Ou pouvons-nous nous débrouiller seuls pour avoir une conversation efficace avec le fonctionnaire afin de lui remettre notre recommandé ?
2. Vendre des prompts, c’est l’équivalent de la vente des indulgences qui servaient à converser avec un être supérieur. L’IA n’est pas un être supérieur. L’IA conversationnelle a été créée spécifiquement pour rendre toute interaction accessible et similaire aux interactions humaines.
3. Les utilisateurs ne peuvent pas créer des prompts. Seuls les développeurs peuvent le faire. Les utilisateurs peuvent faire des requêtes. Vendre des requêtes en les appelant des prompts, c’est encore une raison pour laquelle je qualifie de « controversée » la vente de prompts qui sont, en réalité, des requêtes. Ceux qui ont utilisé les API d’OpenAI (où on a des droits similaires aux développeurs) ont vu très bien la différence entre les requêtes et les prompts. Vendre des requêtes comme s’il s’agissait de prompts, c’est s’arroger des droits et des fonctions qui n’existent pas en réalité, parce que les vendeurs de « prompts » ne sont pas des développeurs, mais des utilisateurs d’IA. Pour approfondir encore plus, voici un autre exemple : les prompts sont les commandes que l’on donne au GPT formateur pour configurer notre GPT. Les requêtes sont les demandes que les utilisateurs vont faire à notre GPT. Lorsque nous tentons de configurer notre GPT, nous disposons de quelques droits de développeur, ce qui signifie que nous pouvons adresser des prompts au chatbot-formateur. Ainsi, nous pouvons lui indiquer ce que notre GPT devrait faire et comment il devrait répondre aux requêtes des utilisateurs. Le « prompt engineering », cette « nouvelle discipline », est destinée aux chercheurs et aux développeurs, comme mentionné dans le Guide de Prompt Engineering de OpenAI, je cite: « Les chercheurs utilisent le prompt engineering pour améliorer la capacité des LLMs sur une large gamme de tâches courantes et complexes, telles que la réponse à des questions et le raisonnement arithmétique. Les développeurs utilisent également le prompt engineering pour concevoir des techniques de promptage robustes et efficaces qui interagissent avec les LLMs et d’autres outils ». Chercheurs et développeurs, pas utilisateurs. De même, le Guide de Prompt Engineering de Google s’adresse aux développeurs.
4. Quand une personne lance une requête, elle crée un miroir algorithmique (son correspondant digital, son alter ego). Ainsi, si tu utilises une requête que tu n’as pas créée, tu vas  »attirer » le miroir de celui qui a créé cette requête. Son miroir va altérer ton propre miroir. Les algorithmes d’IA ont fait des efforts pour mieux te comprendre, pour comprendre ta personnalité, tes attentes et les satisfaire (voici l’un des motifs des hallucinations). Si tu utilises le miroir d’un autre (qui peut être très pollué par ses actions antérieures!) et le juxtaposes sur ton propre miroir, le résultat sera la confusion des algorithmes. C’est comme si tu commençais à parler avec la voix d’un autre devant ta copine, ou comme si tu utilisais le visage d’une autre personne devant tes amis. Juxtaposer les miroirs des autres va effectivement détruire les réponses des algorithmes, c’est-à-dire va détruire ton miroir.

Mon conseil : au lieu d’acheter des indulgences, passe plus de temps à discuter avec tes algorithmes. Même si tu ne reçois pas la réponse demandée rapidement, même si tu es déçu, continue la conversation. Petit à petit, les algorithmes vont créer ton miroir, ton alter ego et vous allez très bien fonctionner ensemble.

Les ingénieurs de Google disaient en 2015 que les algorithmes de Google réagissaient aux commandes des utilisateurs comme des chiens. Si tu as un compte IA, il faut passer du temps avec les algorithmes, il faut mener des conversations, leur permettre de te connaître. Tu dois passer du temps avec ton chien si tu as choisi d’en avoir un. Lui lancer des commandes conçues par les autres va avoir l’effet décrit de manière très amusante dans cette vidéo 

Et, je suis sûr, que tu n’as pas besoin d’acheter des phrases pour adresser le fonctionnaire à la poste quand tu dois lui donner une lettre recommandée (surtout s’il te connaît très bien, n’est-ce pas ?).